Eclairages…

« Une radio par tous et pour tous »

Plum FM est une radio basée à Sérent dans le Morbihan. Née en 1992 et initialement installée à Plumelec, Plum FM était avant tout faite par et pour les handicapés d’un Institut Médico Educatif. Puis les fondateurs de cette radio ont eu la volonté d’ouvrir ses ondes au public rural environnant et ce projet s’est transformé en une expérience atypique dans un territoire rural, lié à l’agroalimentaire.

Ce qui fait son originalité, c’est l’acceptation non-jugeante des difficultés et différences de chacun, simplement.

Bipolaire, schizophrène, jeune délinquant, trisomique, marginal, chômeur… chacun peut exister tel qu’il est, sans fard ni faux semblant. On vient à Plum avec sa force mais sans être obligé de laisser ses faiblesses à l’entrée.

Tous se sentent ici en droit de parler. Même si la parole est peu ou mal assurée, même si le discours n’est pas toujours très construit, la radio la met toujours en valeur et chacun repart alors avec une image de soi redorée, avec le sentiment d’être réhabilité socialement.

Un des personnages du film a été jusqu’à dire lors d’une projection publique du film que Plum lui avait permis de se « relancer dans la vie sociale », d’oser faire ce dont il se croyait incapable.

groupe foyer de vie largeJibé, “ l’éduc spé.” radiophonique

Jibé, animateur et éducateur spécialisé tient un rôle central dans le film, il est celui par qui la parole se libère, celui dont l’écoute attentive place le spectateur en empathie avec ceux qui viennent séance après séance se livrer au micro.

Il y a plusieurs ateliers avec des publics différents : malades mentaux, jeunes repris de justice, trisomiques… La ténacité et la patience de Jibé font émerger le meilleur, le positif, l’estime de soi. Il y a la parole enregistrée mais aussi celle du off, celle qui accompagne et prépare, celle où les peurs sont nommées, celle qui rassure. Jibé partage avec chacun d’intenses moments d’efforts et de plaisirs. Si la fragilité se ressent à chaque instant, c’est tout le processus de mise en confiance qui séduit dans le travail de Jibé. La parole livrée à l’antenne devient libératrice.

corvisettes 5

Les fragilités

Fragilité des personnes, mais aussi fragilité de la structure.

Au moment du tournage du film, la radio a traversé une période de crise sévère : budget déficitaire, subventions à la baisse, crainte de ne pouvoir reconduire le contrat de travail de Jibé pourtant essentiel aux actions sociales que développe la radio.

Ainsi, Jibé incarne non seulement le passeur vers les publics fragilisés qu’il accueille, mais il reflète aussi la fragilité de la structure associative : Le travail de Jibé est décisif pour activer la dynamique sociale de Plum FM et pourtant son emploi est menacé. Comme bon nombre d’associations jouant un indéniable rôle de cohésion sociale, Plum doit sans cesse lutter pour conserver les moyens de sa survie.

Grâce à un tournage en immersion pendant 6 mois, « Ondes fragiles » plonge au cœur d’une aventure humaine à contre-courant des valeurs dominantes de la possession, de la compétition et de la réussite individuelle.

Il y est question du regard : regard entre «normaux» et «anormaux», regard sur le monde qui nous entoure, regard des autres sur soi. La notion de « normalité » est remise en question constamment. A travers une galerie de personnages, au physique souvent marqué par la vie, le film distille des tranches de vies personnelles et collectives.

Dom